Manuel Alegre, candidat socialiste à la présidentielle de janvier, était hier à Bordeaux
Après que la Grèce et l'Irlande ont appelé à l'aide l'Union européenne et le FMI, le Portugal pourrait être la prochaine victime de la crise financière secouant la zone euro. Alors que les marchés doutent de sa capacité à régler sa dette - 26,5 milliards à rembourser en 2011 - le gouver -nement du socialiste Socrates s'est résolu à adopterunbudget20H d'austérité pour les rassurer. Il prévoit de baisser le déficit du PIB de 73 % à 4,6 % en ;20ll en augmentantlaTVA de 2points (23 %) et en taillant dans le salaire des fonctionnaires, les pensions et les prestations sociales.
C'est dans ce contexte que nous avons rencontré, hier à Bordeaux, Manuel Alegre, 74 ans, écrivain et homme politique.
« Sud Ouest ». Quel est l'objet de votre visite à Bordeaux ? Manuel Alegre. Je suis en campagne électorale pour l'élection présidentielle dû 23 janvier prochain. Mon pays a un régime semi-présidentiel et le mandat est de cinq ans. J'avais été battu lors du précédent scrutin en 2006, mais, cette fois, j'ai bon espoir car le PS me soutient
Le Sud-Ouest abrite une vaste communauté portugaise qui est aussi amenée à voter. Je tiens ce samedi une réunion à Léognan (33) avant de repartir à Paris, j’ai été reçu vendredi par le maire de Paris, M. Delanoë, et les dirigeants du PS français. Je rentre ensuite au Portugal.
La situation financière est très tendue dans votre pays, quelle est votre analyse ?
C'est évidemment très préoccupant, mais dans mon esprit, c'est l'avenir de l'Union européenne qui l'est Après la crise mondiale de 2008,les États sont venus au secours des banques et maintenant ce sont elles qui imposent leurs conditions !
LaGrèce, l'Irlande, le Portugal, partout la réponse est la même : politique de rigueur et d'austérité, et c'est Monsieur Tout-le-monde qui en souffre. Or, c'est une voie sans issue qui aggrave le chômage et amène de la pauvreté. Il y a un manque de volonté politique face auxmarchés financiers.
Quelles sont vos solutions ?
Après la crise de!929, Roosevelt avait mené une politique de grands travaux pour relancer l'économie. Il faut travailler vers ce type de solutions et arrêter la pensée unique de l'austérité. Au nom de la guerre pour sauver l'euro, on risque aujourd'hui de démolir l'Union européenne. Je note qu'en son sein, le centre ne tient plus beaucoup compte des États» périphériques » comme le nôtre. Dans notre continent ce n'est pas Bruxelles qui dirige en collégialité mais c'estrAllemagne qui commande. Et Nicolas Sarkozy est dans son sillage. Mais si le Portugal doit appeler à l'aide pour assurer ses remboursements, ce sera après l'Espagne, puis la France... Certains pays sont plus endettés que nous.
Le Portugal n'a-t-il pas sa part de responsabilité, avec sa croissance faible et sa gestion approximative ? Commed'autres,nous avons perdu en compétitivité, victimes de la mondialisation. Nous devons consolider notre appareil de production. Par exemple, agriculture et pêche ont été trop délaissées. On se rend compte désormais que le Portugal a vécu au-dessus de ses moyens. Mais la grève générale de mercredi dernier, la plus importante de l'histoire récente; montre que notre peuple veut s'en sortir.
In Sd Ouest, 28/11/2010
Propos recueillis par
César Compadre
Après que la Grèce et l'Irlande ont appelé à l'aide l'Union européenne et le FMI, le Portugal pourrait être la prochaine victime de la crise financière secouant la zone euro. Alors que les marchés doutent de sa capacité à régler sa dette - 26,5 milliards à rembourser en 2011 - le gouver -nement du socialiste Socrates s'est résolu à adopterunbudget20H d'austérité pour les rassurer. Il prévoit de baisser le déficit du PIB de 73 % à 4,6 % en ;20ll en augmentantlaTVA de 2points (23 %) et en taillant dans le salaire des fonctionnaires, les pensions et les prestations sociales.
C'est dans ce contexte que nous avons rencontré, hier à Bordeaux, Manuel Alegre, 74 ans, écrivain et homme politique.
« Sud Ouest ». Quel est l'objet de votre visite à Bordeaux ? Manuel Alegre. Je suis en campagne électorale pour l'élection présidentielle dû 23 janvier prochain. Mon pays a un régime semi-présidentiel et le mandat est de cinq ans. J'avais été battu lors du précédent scrutin en 2006, mais, cette fois, j'ai bon espoir car le PS me soutient
Le Sud-Ouest abrite une vaste communauté portugaise qui est aussi amenée à voter. Je tiens ce samedi une réunion à Léognan (33) avant de repartir à Paris, j’ai été reçu vendredi par le maire de Paris, M. Delanoë, et les dirigeants du PS français. Je rentre ensuite au Portugal.
La situation financière est très tendue dans votre pays, quelle est votre analyse ?
C'est évidemment très préoccupant, mais dans mon esprit, c'est l'avenir de l'Union européenne qui l'est Après la crise mondiale de 2008,les États sont venus au secours des banques et maintenant ce sont elles qui imposent leurs conditions !
LaGrèce, l'Irlande, le Portugal, partout la réponse est la même : politique de rigueur et d'austérité, et c'est Monsieur Tout-le-monde qui en souffre. Or, c'est une voie sans issue qui aggrave le chômage et amène de la pauvreté. Il y a un manque de volonté politique face auxmarchés financiers.
Quelles sont vos solutions ?
Après la crise de!929, Roosevelt avait mené une politique de grands travaux pour relancer l'économie. Il faut travailler vers ce type de solutions et arrêter la pensée unique de l'austérité. Au nom de la guerre pour sauver l'euro, on risque aujourd'hui de démolir l'Union européenne. Je note qu'en son sein, le centre ne tient plus beaucoup compte des États» périphériques » comme le nôtre. Dans notre continent ce n'est pas Bruxelles qui dirige en collégialité mais c'estrAllemagne qui commande. Et Nicolas Sarkozy est dans son sillage. Mais si le Portugal doit appeler à l'aide pour assurer ses remboursements, ce sera après l'Espagne, puis la France... Certains pays sont plus endettés que nous.
Le Portugal n'a-t-il pas sa part de responsabilité, avec sa croissance faible et sa gestion approximative ? Commed'autres,nous avons perdu en compétitivité, victimes de la mondialisation. Nous devons consolider notre appareil de production. Par exemple, agriculture et pêche ont été trop délaissées. On se rend compte désormais que le Portugal a vécu au-dessus de ses moyens. Mais la grève générale de mercredi dernier, la plus importante de l'histoire récente; montre que notre peuple veut s'en sortir.
In Sd Ouest, 28/11/2010
Propos recueillis par
César Compadre
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